lundi 28 décembre 2009

Le Grand Paris des "pouvoirs publics"

Après l'examen du projet de loi relatif au Grand Paris par l'Assemblée nationale, le gouvernement lance le site "Mon Grand Paris.fr", présenté comme le site Internet de la "consultation" citoyenne.
Les petits video clips réalisés sur les thèmes du développement économique, du logement, des transports, de la culture et des campagnes valent le détour. Les acteurs recrutés pour l'occasion rivalisent d'enthousiasme pour vanter les fabuleux projets des "pouvoir publics" (disent-ils). Et en plus, les "meilleurs architectes du monde" sont au travail. Point d'Etat, d'élus locaux ou de Région, ce sont les "pouvoirs publics" qui "veulent"...
Pour les nombreux morceaux de bravoure qu'il décèle, Le Grand Paris des urbanistes recommande la consultation du site http://www.mon-grandparis.fr

lundi 21 décembre 2009

Le projet du Grand Paris n'est pas métropolitain, par Daniel Behar et Philippe Estebe (Le Monde)

Nous reprenons cette tribune parue dans Le Monde sur le projet de loi gouvernemental du Grand Paris. Elle est signée Daniel Béhar (Institut d'Urbanisme de Paris, Master urbanisme, mention stratégies territoriales et politiques publiques) et Philippe Estèbe (Sciences Po Paris, Master stratégies territoriales et urbaines).


"La discussion autour du projet de loi relatif au Grand Paris tend à mettre en cause son rabattement sur un schéma de transports, pour peser les vertus respectives d'un parcours aérien ou souterrain ou à incriminer son manque de vision globale pour l'Ile-de-France. Là n'est pas la question : au sein d'une "République décentralisée", il n'est pas de la légitimité de l'Etat de définir cette vision. En revanche, il lui revient bien d'énoncer une stratégie de développement de la région-capitale, c'est-à-dire définir les conditions de sa contribution optimale à la performance de la France dans le contexte de la mondialisation.

Sur ce plan, ce projet propose comme préalable implicite une rupture doctrinale tout à fait justifiée avec un des dogmes fondateurs de "l'aménagement du territoire à la française", celui du rééquilibrage entre Paris et la province. Avec l'attractivité renouvelée des grandes villes et du tissu rural, cette posture n'était plus de mise. Mais comment alors affirmer la place de la première métropole française dans le monde ? Pour relever ce défi, le projet de loi formule une hypothèse stratégique : la globalisation constitue une échelle inédite dans la concurrence internationale, à laquelle il faut répondre en "ajoutant" des facteurs de compétitivité à la métropole, soit "à côté" (c'est la proposition séduisante de l'extension de Paris jusqu'au Havre), soit "au-dessus", et c'est la couche supplémentaire des "clusters", de la recherche et de l'innovation, de la Défense à Saclay en passant par Le Bourget, desservis par le fameux "grand huit". Or cette hypothèse est tout à fait discutable.

Il n'est d'abord pas certain que la question de l'ouverture au monde au XXIe siècle se joue sur le plan des échanges marchands maritimes. Et peut-on décréter ainsi la rupture avec la permanence d'une histoire longue davantage continentale que maritime ? Mais surtout la mondialisation ne constitue pas un niveau en plus, à l'extérieur, mais un processus qui produit une nouvelle figure de la ville – la métropole après l'agglomération – où les liens en réseau désorganisent la continuité des lieux et génèrent de multiples contradictions entre le global et le local. Autrement dit, la mondialisation n'est pas un défi du dehors, mais du dedans de la métropole.

Sur le plan économique, se mettre à sa hauteur ne consiste pas à ajouter quelques " clusters ", en espérant un effet locomotive qui n'est nullement garanti. C'est plutôt sur l'ensemble du territoire métropolitain qu'il faudrait miser. Les affaires et la finance ne sont pas l'exclusivité du pôle de la Défense mais l'attribut de tout l'Ouest parisien. L'excellence scientifique ne se joue pas sur Saclay mais à l'échelle d'un cône sud de l'innovation, entre la Montagne- Sainte-Geneviève, Evry et Saclay. Le tourisme et la culture – au-delà de la puissance de Paris intra muros – s'étendent aujourd'hui vers le nord et l'est, sur des registres davantage contemporains que patrimoniaux. Enfin et surtout, la performance de ces activités d'excellence dépendra de l'étroitesse de leurs relations à la métropole ordinaire, celle de la logistique, du BTP ou des services.

Sur le plan social, l'enjeu n'est pas de minimiser le risque d'émeutes sociales et d'atteinte à l'image internationale de Paris, au travers d'un "détour" du grand huit par Clichy-Montfermeil mais de développer résolument un cosmopolitisme métropolitain. A Paris, comme dans les autres métropoles du monde, la métropolisation s'accompagne d'un développement des migrations internationales. Ailleurs considéré comme une ressource essentielle de l'attractivité métropolitaine, cet enjeu est totalement passé sous silence dans le projet du Grand Paris. Sont tout autant occultés le potentiel créatif induit par ce nouveau cosmopolitisme que les nouvelles figures de la pauvreté qu'il engendre.

En initiant le projet du Grand Paris, l'Etat a bien perçu le défi pour la France que constitue la question métropolitaine. Mais en décalquant les recettes des années 1960 à l'époque de l'agglomération parisienne, mises au goût du jour selon une géographie dilatée (un métro automatique succédant au RER, et des clusters aux villes nouvelles), sa réponse n'est pas à la hauteur. C'est à "faire métropole" qui faudrait collectivement s'attacher."

Daniel Behar est professeur associé à l'Institut d'urbanisme de Paris et Philippe Estebe est professeur associé à Sciences Po Paris. Tous les deux sont consultants à la coopérative Acadie.

mardi 1 décembre 2009

Grand Paris et intercommunalité en Île-de-France : un dossier de l'AdCF


... où l'on pourra trouver la seule prise de position alternative au scénario Dallier-Balladur sur la réforme de la gouvernance institutionnelle du coeur de l'Île-de-France ; quelques données financières et fiscales constituées avec Dexia ; et une référence à l'étude conduite par l'IAURIF sur le thème de la politique de la ville. Accéder au dossier à l'adresse suivante : > http://www.intercommunalites.com/2-133-Fiche-actualite.php?num=184

dimanche 15 novembre 2009

(Re)positionner la métropole parisienne sur l'agenda politique de la réforme territoriale

Le Grand Paris des urbanistes s'est créé, à l'initiative du réseau de l'Institut d'Urbanisme de Paris (Urba+), pour exprimer le point de vue singulier d'une profession, l'urbanisme, sur un sujet politique, le Grand Paris. Dès l'annonce du Ministère de la Culture sur le lancement de la consultation sur le Grand Pari(s) de l'agglomération parisienne, nous avions fait part de notre perplexité sur la légitimité de l'attelage formé par l'Etat et des architectes pour réfléchir à "un diagnostic prospectif de la métropole à horizon 2030". Certains urbanistes, comme Jean-Marc Offner ou Marc Wiel, avaient vivement contesté cette approche, et pour cause: le Grand Paris n'est pas affaire de maquette d'architecture, c'est une question de "management territorial" et de structuration d'opérateurs locaux pour la définition et la mise en oeuvre de politiques de développement urbain cohérentes. Le déficit d'intercommunalité en Île-de-France explique largement l'absence de tels opérateurs du développement urbain au sein la métropole parisienne, à même d'exercer un rôle de régulation sur les marchés du foncier et du logement.
Nous avons depuis publié les analyses de Marc Wiel sur la fameuse consultation. Bien aidé par les nombreux urbanistes "engagés" dans les 10 équipes, la consultation a certes produit des résultats intéressants et constructifs, finalement assez proches de ceux du SDRIF, mais (logiquement) muets sur la question de la gouvernance. Et pourtant, selon l'urbaniste Marc Wiel, « il devient nécessaire de mettre au point des fiscalités de la mobilité et des localisations qui jouent un rôle de régulation, afin de pouvoir lutter contre les excès de concentration des entreprises et de ségrégation sociale de l’habitat ». Mais « l’incapacité du système institutionnel à mutualiser des moyens financiers pour harmoniser les politiques d’aménagement et de déplacements » nourrit les mécanismes fonciers de la ségrégation. D’où, selon lui, l’urgente nécessité de réformer la gouvernance de la métropole parisienne.

La séquence re-centralisatrice qui fait suite au débouché de cette consultation nous donne aujourd'hui raison : l'exposition de la Cité de l'architecture et du patrimoine a constitué une belle diversion; une belle opération de com' pour amuser les gogos, pendant que dans les officines de l'Hôtel de Roquelaure et de Matignon on préparait quelques mauvais coups...
Qu'ils soient en phase ou en désaccord avec le Ministre chargé du développement de la région capitale, cette poignée de stars de l'architecture n'a aucune qualification et aucune légitimité spécifique pour conduire "les réflexions politiques sur le changement". La décentralisation, certes largement inadaptée au cadre francilien, est passée par là. Et in fine, la médiatisation de ces architectes s'exprimant pour 10 millions de métropolitains et en lieu et place des centaines d'urbanistes exerçant aujourd'hui dans les collectivités locales d'Île-de-France, constitue un désaveu cinglant pour notre profession mais surtout pour la démocratie locale.
L'examen du projet de loi sur le Grand Paris, qui vient juste d'être adopté en commission à l'Assemblée nationale, démontre également que le problème du financement de la rocade de métro a totalement occulté celui de la cohérence territoriale de l'urbanisme. La société du Grand Paris et ses établissements publics d'Etat constituent certes un anachronisme et une dérive techno-jacobine, mais le statut quo institutionnel des 300 communes et des logiques départementales ne plaide pas vraiment en faveur de l'émergence d'autorités organisatrices locales de l'urbanisme.

Là où les urbanistes peuvent donc apporter leur plus-value, c'est dans un positionnement sur l'agenda politique des recompositions territoriales. Sur ce terrain des mutations institutionnelles, ils peuvent faire prévaloir leurs convictions et leurs compétences pour une véritable aide à la décision politique, au service des élus locaux : organisation politique des bassins d'emploi, gestion des mobilités urbaines, réintégration des infrastructures métropolitaines dans le débat public et dans les exercices de planification locale, déploiement optimal de l'intercommunalité et renforcement de ses prérogatives dans le domaine du droit des sols, de l'intervention foncière, de l'habitat et des déplacements locaux, promotion d'un Schéma de Cohérence Territoriale pour le coeur de la métropole,... autant de débats qui ne trouvent pour l'instant leur place ni sur les grandes ondes médiatiques, ni sur les agendas politiques du Gouvernement (pas de chapitre parisien dans le projet de réforme territoriale) et de la Région (pas de plan B pour remplacer le SDRIF).
Dans ces conditions, Paris Métropole peut-il encore se permettre de raisonner à "gouvernance constante"? Assurément non, car le bouclage de la carte de l'intercommunalité à horizon 2014 est une des mesures phares du projet de loi de réforme des collectivités locales et concerne l'ensemble du territoire national. Paris Métropole va t-il prendre position sur les conditions d'achèvement et d'optimisation de la carte de l'intercommunalité en Île-de-France et proposer lui-même un schéma global d'organisation pour le coeur de la métropole ou attendre que le Préfet de Région remette de l'ordre ?

Un article du Monde diplo sur les mobilités dans les Grand Paris (les urbanistes trouvent enfin un peu d'audience dans les débats métropolitains)

Alors que les débats sur le Grand Paris s'enveniment en cette période préélectorale des régionales et que le charme ne semble plus opérer entre nos architectes et le Gouvernement (voir les sorties récentes de Messieurs Nouvel et Chemetov à l'encontre de Christian Blanc), on signalera (avec une certaine satisfaction) la publication d'un article réhabilitant l'expertise des urbanistes. Signé Marc Endeweld et paru dans Le Monde diplomatique, il apporte un éclairage pertinent sur le sujet des mobilités dans le Grand Paris.

Intitulé "La fracture sociale de la mobilité", le papier traite des enjeux d'accessibilité aux pôles d'emploi de la région Île-de-France et questionne la pertinence des politiques de transports focalisées sur les nouvelles infrastructures et la vitesse (solution actuellement privilégiée par Christian Blanc). La dialectique du "faire ville" ou du "faire vite", conceptualisée par notre confrère, Marc Wiel, est bien posée. Car la vraie question est bien celle de la fonctionnalité urbaine que l'on veut faire jouer au système de transport.
Particulièrement bien renseigné, l'article s'appuie sur de solides références et notamment sur l'expertise d'urbanistes spécialistes de la mobilité issus de l'Institut d'Urbanisme de Paris (Jean-Pierre Orfeuil, Sandrine Wenglenski, Laurent Davezies).


samedi 5 septembre 2009

Projet de loi Grand Paris : les élus franciliens s’inquiètent d’une recentralisation



Après la tenue de deux réunions interministérielles, les intentions gouvernementales se précisent au sujet du « Grand Paris ». Les études préalables sur l’infrastructure de transport du Grand Paris vont être lancées au plus vite. Dans un premier temps, le projet de loi, préparé par Christian Blanc, secrétaire d’Etat au développement de la région capitale, sera transmis aux collectivités territoriales pour une concertation « au cours du mois de septembre, avant son adoption par le Conseil des ministres », a annoncé Matignon, à l'issue d'une réunion interministérielle, le 27 août dernier.

Selon Le Moniteur « Christian Blanc lancera sans attendre les études préalables relatives au schéma de transports, en vue d'un débat public début 2010 ». Ces études seront engagées en s'appuyant sur l'expertise de la RATP, qui été désignée d’office dans le projet de loi comme « gestionnaire de l’infrastructure ». Sur le plan de la « gouvernance », les grandes lignes du projet de loi seraient arrêtées, notamment avec la création d'un établissement public chargé de la maîtrise d'ouvrage des grandes infrastructures de transports. Ce seront également des établissements publics qui assureront la maîtrise d'ouvrage des grandes zones à aménager dans le périmètre de la future rocade de métro. C’est l’ampleur de ce périmètre, initialement fixé à 1500 m, qui a suscité le plus d’inquiétudes dans les collectivités concernées.

Deux dispositifs spécifiques de contractualisation avec les collectivités locales sont envisagés: des « contrats de développement urbain » et des « projets territoriaux stratégiques » sur l’ensemble du territoire de la région d’Île-de-France (et notamment sur le futur établissement public du plateau de Saclay, baptisé « Paris-Saclay »). L’article 18 du projet de loi précise que ces contrats de développement urbain « peuvent être conclus entre l’Etat d’une part et les établissements publics de coopération intercommunale compétents en matière de développement économique et d’habitat ou d’urbanisme ou les communes ».

Par ailleurs, des procédures de dérogation aux règles d'urbanismes sont envisagées autour des gares. L'Etat pourrait même se réserver la maîtrise foncière. Côté financement, les premières pistes pour les transports devraient être connues à l'issue de la remise du rapport final du député du Val-de-Marne Gilles Carrez, prévue en septembre. Le Premier ministre a souligné « l'intérêt d'une approche globale des coûts (investissement et exploitation) et d'une réalisation programmée à un rythme soutenu » du schéma de transports du futur Grand Paris.

De nombreuses voix, parmi lesquelles les présidents des conseils généraux du Val-de-Marne et de l’Essonne se font d’ores et déjà entendre pour contester la philosophie ce projet de loi qui s’apparenterait, selon eux, à une reprise en main radicale par l’Etat des affaires de l’Île-de-France : « Un retour en arrière inacceptable et un danger pour la démocratie locale » et « une véritable entreprise de démolition du droit des sols et des droits et garanties des habitants des territoires concernés » a déclaré dans un communiqué de presse Christian Favier, président du conseil général du Val-de-Marne. Alors même que la Région et le STIF ont déjà engagé plus de 25 millions d’euros de crédits d’études pour le projet de métro en rocade Arc Express, que certaines collectivités locales franciliennes étudient depuis plus d’un an la faisabilité d’une insertion urbaine des futurs tronçons de la rocade, la constitution d’une « Société du Grand Paris » (établissement public à caractère industriel et commercial dont l’actionnaire majoritaire sera l’Etat) pour réaliser le réseau de transport est assimilée à un véritable « cheval de Troie » par certains élus.

Source : AdCF Direct, N°519, 4 septembre 2009

> Pour en savoir plus, télécharger le projet de loi (dans sa version du 28 août 2009) sur le blog de Pierre Mansat : http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/0/54/07/70/PM4/PM5/Loi-Gd-Paris_28-ao-t09-2-.pdf

vendredi 29 mai 2009

Grand Paris : Qui sont les nouveaux professionnels de l’illusionnisme? Par Marc Wiel, urbaniste



L’urbaniste Marc Wiel livre une analyse critique sur les partis pris « stratégiques » des 10 équipes internationales mandatées par l’Élysée pour penser le Grand Paris de 2030.
Tout en saluant l’intensité intellectuelle suscitée par la démarche, son analyse démontre clairement que la seule remise en cause de l’urbanisme réglementaire de zoning ne suffit pas à résorber la spécialisation sociale et fonctionnelle des territoires et la ségrégation urbaine qu’elle sous-tend. La mobilité facilitée, privilégiée dans le cadre du plan transport, en est tout aussi responsable. Dans ces conditions, la déréglementation du code de l’urbanisme, préconisation reprise par Nicolas Sarkozy, reste un fantasme d’architecte.
A l’inverse, selon Marc Wiel, « il devient nécessaire de mettre au point des fiscalités de la mobilité et des localisations qui jouent un rôle de régulation, afin de pouvoir lutter contre les excès de concentration des entreprises et de ségrégation sociale de l’habitat ». Mais « l’incapacité du système institutionnel à mutualiser des moyens financiers pour harmoniser les politiques d’aménagement et de déplacements » nourrit les mécanismes fonciers de la ségrégation. D’où l’urgente nécessité de réformer la gouvernance de la métropole parisienne. Une question pourtant délibérément renvoyée aux « calendes grecques » par Nicolas Sarkozy.

> Lire l'article de Marc Wiel



jeudi 21 mai 2009

Crise du logement : le Sénateur Philippe Dallier ne juge pas crédible la proposition de Nicolas Sarkozy de déréglementer le droit de l’urbanisme



Selon un "Indiscret" de l’hebdomadaire La Gazette des Communes, la proposition du Président de la République de "déréglementer le droit de l’urbanisme" n’est pas jugée crédible par le Sénateur-maire de Seine-Saint-Denis Philippe Dallier. Reprise à son compte par le chef de l’Etat lors de son discours sur le Grand Paris du 29 avril dernier, la préconisation avait été avancée par l’équipe de l’architecte Jean Nouvel comme le remède à la crise du logement. L’argument ? Les "méchants" urbanistes gestionnaires du droit des sols brideraient le développement urbain, ne laissant pas les "archis" exprimer leur talent créatif (forcément bienfaiteur pour loger les gens...).
Un raccourci simpliste qui n’a pas échappé au Sénateur Philippe Dallier, connu pour ses positions de "franc-tireur" sur le Grand Paris : "Quand je l’ai entendu dire qu’il suffisait de déréglementer le droit de l’urbanisme pour construire 70 000 logements par an en Île-de-France, j’ai eu envie de m’esclaffer. Tant qu’on n’aura pas un programme local de l’habitat du Grand Paris, on n’y arrivera pas", aurait déclaré Philippe Dallier, qui connait assez bien son sujet pour avoir signé plusieurs rapport sur la politique du logement (le dernier en date portait sur la mise en œuvre du DALO) et un autre (très remarqué) sur "l’avenir institutionnel de l’agglomération parisienne".

Commentaires :
Sur la déréglementation de l'urbanisme
En plein débat parlementaire sur le Grenelle de l’Environnement qui procède à une refonte considérable du code de l’urbanisme, cette commande politique laisse perplexe plus d’un urbaniste !
Sur Philippe Dallier
Ces propos, rapportés par La Gazette, expriment sans aucun doute la déception du Sénateur et maire des Pavillons-sous-Bois de voir reléguer par le Chef de l’État la question de la gouvernance de la métropole (au moins) après 2012 ("nos successeurs s’en chargeront..." avait déclaré le Président de la République). Philippe Dallier plaide en effet depuis maintenant plus d’un an pour une refonte de la gouvernance du cœur de l’agglomération. Mais les solutions institutionnelles qu’il propose n’ont pas trouvé un écho favorable auprès des élus franciliens (cf. la proposition, assez proche de la sienne, du rapport Balladur sur le Grand Paris).

lundi 18 mai 2009

Grand Paris et intercommunalité en Île-de-France : l’AdCF prend position

L’Assemblée des Communautés de France (partenaire du réseau de l’Institut d’Urbanisme de Paris) s’est toujours montrée consciente de la nécessité d’adaptations législatives aux singularités de la « zone dense » de l’Île-de-France. Elle a appelé à un traitement spécifique de son organisation institutionnelle et a participé aux débats en présentant plusieurs scénarios en 2007 lors de son Congrès de Paris.

Récemment (le 30 mars), l’AdCF a invité les élus et responsables des communautés franciliennes au Sénat à débattre des perspectives de recomposition territoriale de la métropole parisienne et à échanger sur les perspectives d’évolutions financières et institutionnelles des communautés d’Île-de-France.

Une prise de position, issue de ces débats, a été adoptée en conseil d’administration de l’AdCF le 14 mai 2009. Elle formalise des pistes concrètes d’amélioration de la gouvernance du "cœur de la métropole".

Source : www.adcf.org

dimanche 15 mars 2009

Urba+ a lu et recommande...



Nous avions eu le plaisir de l'entendre à l'occasion du débat que nous avions organisé le 12 juin 2008 au Cnam : l'économiste Frédéric Gilli, directeur délégué de la chaire Ville de Sciences Po et rédacteur en chef de la prestigieuse revue Etudes Foncières, s'est associé à l'urbaniste et politiste Jean-Marc Offner (directeur du Latts de 2000 à 2008 et prochain directeur de l'agence d'urbanisme de Bordeaux) pour signer une contribution remarquée sur le Grand Paris. Urba+ recommande vivement la lecture de leur ouvrage intitulé, Paris, métropole hors les murs. Aménager et gouverner un Grand Paris, paru au début de l’année aux Presses Sciences Po. Très bien documenté et charpenté (en 6 chapitres cohérents), cet ouvrage revient sur la genèse de ce dossier politique majeur (re)mis à l’agenda en 2007 par le Président de la République. Une analyse très fine nous est proposée sur les grands enjeux métropolitains (urbanisme, mobilités, habitat, développement économique) ainsi qu’un décryptage salutaire du système d’acteurs francilien (relations entre l’Etat et les collectivités, radiographie des structures syndicales de coopération intercommunale, référentiels d’action publique, etc.). A l’heure où le débat politique s’agite (propositions Balladur), cette contribution tombe à point nommé.


Lire la critique de l’urbaniste Xavier Desjardins : "Paris, un temps à l’écart des grandes manœuvres territoriales, par le retard francilien en matière de structuration intercommunale, devient un objet central des "réformateurs territoriaux", puisque devenue figure majeure de la complexité en matière de gouvernance urbaine. Jean-Marc Offner et Frédéric Gilli, dans la première partie de leur ouvrage, démêlent patiemment les origines des difficultés institutionnelles et, dans les interventions des différents acteurs, distinguent les postures artificielles et conjoncturelles des vraies oppositions politiques et institutionnelles". Lire la fiche de lecture de Xavier Desjardins sur nonfiction.fr


Paris, métropole hors les murs. Aménager et gouverner un Grand Paris, Frédéric Gilli et Jean-Marc Offner, Presses de Sciences Po, Collection Nouveaux débats, janvier 2009 [N° ISBN : 272461092X]

samedi 14 mars 2009

Edouard Balladur suggère à présent une communauté urbaine comme « solution de transition »

Edouard Balladur a suggéré mardi 10 mars 2009, à l’occasion de son audition par les sénateurs, que soit créée une communauté urbaine de Paris. Cette piste alternative intervient après la « levée de boucliers » provoquée par sa proposition de fusionner les 4 départements de Paris et de la petite couronne pour constituer une collectivité singulière du « Grand Paris », de nature supra-locale. Le Chef de l’Etat ayant lui-même manifesté son scepticisme, Edouard Balladur propose une alternative fondée sur une logique de coopération intercommunale. « Il faut organiser une intercommunalité forte dans la petite couronne », a-t-il déclaré, signalant au passage qu’il n'y avait pas eu, au cours de ces dernières années, d'efforts et de volonté politique de créer une communauté urbaine autour de Paris alors que « la région Ile-de-France est la région où l'intercommunalité est la moins développée en France, en particulier dans la petite couronne ». « Peut-être qu'une solution de transition serait de créer une communauté urbaine » en attendant d’aboutir à la solution proposée dans son rapport, a-t-il suggéré.



samedi 7 mars 2009

Le Grand Paris et la gestion urbaine de proximité

L'Assemblée des Communautés de France (AdCF), qui s'est félicitée de la consécration institutionnelle du fait intercommunal dans le rapport Balladur (remis officiellement ce jeudi 5 mars), s'est également montrée très réservée sur le scénario proposé par le Comité pour la réforme des collectivités locales s'agissant du Grand Paris. C'est ce qu'on peut lire dans sa note de réaction au rapport de l'ancien Premier ministre :
"L’AdCF s’est toujours montrée consciente de la nécessité d’adaptations législatives aux singularités de la « zone dense » de l’Île-de-France. Elle a appelé à un traitement spécifique de son organisation institutionnelle et a participé aux débats en présentant plusieurs scénarios en 2007 lors de son Congrès de Paris. Plus récemment, le rapport Balladur a opté pour un scénario proche de celui préconisé par le rapport du sénateur Dallier, à savoir la constitution d’une collectivité sui generis, de nature supra-communale, issue de la fusion des 4 conseils généraux de la zone dense mais aussi de l’absorption des compétences intercommunales (syndicats techniques ou communautés) voire communales (Plans locaux d’urbanisme). Par-delà les enjeux politiques d’une telle option, cette dernière pose de véritables questions de gouvernance.
1. Elle interdit de fait aux maires du Grand Paris toute possibilité de coopération intercommunale.
2. Elle n’associe pas les maires au fonctionnement de l’autorité du Grand Paris (contrairement au Grand Londres) tout en les dépossédant de compétences importantes (urbanisme, habitat, déchets, eau, transports…)
3. Elle conduit à la constitution de deux collectivités « supra-locales » concurrentes (Grand Paris et région Ile-de-France) et à un conflit prévisible de leadership.
4. Elle propose un périmètre que nombre d’observateurs avisés considèrent comme trop vaste pour gérer des services de proximité mais trop étroit pour définir les grandes stratégies de l’agglomération physique (transports, développement économique, aménagement…) puisqu’elle exclut les grands pôles structurants (Roissy, Orly, Saclay, Cergy…) du modèle polycentrique poursuivi depuis Paul Delouvrier."

Afin de prolonger la réflexion, l’AdCF invite les élus et responsables des communautés franciliennes le 30 mars prochain au Sénat à débattre des perspectives de recomposition territoriale de la métropole parisienne et à échanger sur les perspectives d’évolutions financières et institutionnelles des communautés d’Île-de-France.
Le Grand Paris des Urbanistes livrera très prochainement ses propres analyses sur les tenants et aboutissants de la proposition Balladur.
Pour en savoir plus :

mercredi 4 mars 2009

Le "Grand Paris" du Comité Balladur : une impasse ? Par Ariane Azéma (sur Terra Nova)

Le Comité pour la réforme des collectivités locales, présidé par Edouard Balladur, préconise de créer en 2014 le "Grand Paris", une collectivité locale à statut particulier correspondant au territoire de Paris et des trois départements de la petite couronne (124 communes, 6,5 millions d'habitants). Ce scénario s'inspire du rapport du Sénateur Philippe Dallier, Sénateur de Seine-Saint-Denis. Beaucoup d'obervateurs considèrent que cette option "supra-locale" pose à la fois des problèmes pour le pilotage stratégique de la métropole parisienne (300 communes) mais aussi en termes de gestion urbaine de proximité (que les dynamiques de coopération intercommunale rendent souvent plus efficace). Selon Ariane Azéma, Conseillère du Président de la Région Ile-de-France, il faut prôner le consensus politique pour imaginer une métropole capable de faire face aux enjeux de justice sociale et d'identité qui se posent. C'est l'objet de cette prise de position que l'on peut lire sur le site Terra Nova



Note du Comité Balladur sur l'Île-de-France


On peut également relire le point de vue de Pierre Mansat, adjoint au Maire de Paris chargé de Paris Métropole, sur le Débat que l'association Urba+ avait organisé le 12 juin 2008 en pleine crise sur l'adoption du projet de SDRIF (le conflit entre l'Etat et la Région n'est d'ailleurs pas réglé). Au cours du débat Pierre Mansat avait alors plaidé pour une "fédération de gouvernements locaux" : un projet diamétralement opposé à la collectivité supra-locale du rapport Balladur.

Le point de vue de Pierre Mansat sur le débat Le Grand Paris des Urbanistes :


Depuis que l'Elysée s'en mêle, le « Grand Paris » est devenu mode. Et nombreux sont ceux qui se mêlent à la discussion en toute mauvaise foi ou, pire peut-être, en toute ignorance. Ce qui n'a pas été le cas, ce jeudi 12 juin, lors de la rencontre organisée au Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM) par le réseau de l'Institut d'urbanisme de Paris (IUP), appelé Urba+ (voir programme : http://www.pierremansat.com/article-20254874.html). Ce jour-là, urbanistes, acteurs du monde politique et économique ont donné leur point de vue du lieu dont ils parlaient. On était loin des discussions de café du commerce et des tactiques machiavéliques.

Sans surprise, il a été beaucoup question des inégalités sociales et des lignes de fragilité du territoire, ce qui a amené Gilles RABIN à se demander si « la région parisienne était un grand corps malade ! »
Sur la question du logement, Jean-Claude DRIANT, professeur à l'IUP, a rappelé que la pénurie d'offre est tout autant liée au nombre insuffisant de constructions (sur ce critère, l'Ile-de-France est avant-dernière en France, juste avant la Picardie !) mais aussi, à la « crise sélective de la mobilité ». En d'autres termes, le fossé s'accroît entre les propriétaires qui peuvent bouger et les locataires qui n'ont le choix - du fait de la rente immobilière - que de rester là où ils sont ou de s'éloigner des centres urbains, voire de quitter la région. Le taux de rotation dans le parc social est ainsi passé de 10% en 1998 à 6% actuellement. Comme l'a rappelé Jean-Luc VIDON, administrateur de l'AORIF (l'Union sociale pour l'habitat d'Ile-de-France), la moitié du patrimoine social de la région est concentrée sur 10% du territoire et l'écart augmente encore! Les files d'attente s'allongent, le mal logement se développe. Pour les décideurs politiques, le défi est double: construire, pour fluidifier la mobilité et rééquilibrer les territoires, mais aussi produire des types de logements répondant aux besoins des personnes, sans oublier les préoccupations de développement durable. Pour réaliser cet objectif, certains ont déclaré qu'il fallait un chef de file, comme il en existe partout ailleurs en France.
Côté emploi, G.Rabin a demandé à François BALLET, Secrétaire général scientifique de Sanofi-Aventis R&D (Val-de-Marne) ce qu'il « attendait d'un Grand Paris possible, souhaité, voulu ? » Pour le représentant de la firme pharmaceutique, l'affaire est entendue. La région parisienne est «attractive » car elle offre les profils d'expertise, la recherche publique, un réseau d'hôpitaux publics et la sous-traitance nécessaires. Mais la parcellisation des pouvoirs y est trop grande. Et de donner l'exemple du grand Lyon, où le leadership est plus clair. En d'autres termes, malgré la grande qualité des cerveaux franciliens du service public, en l'absence de leadership, le transfert des activités de la firme sous d'autres cieux est une option plausible.
La question de la gouvernance du Grand Paris ne pourrait donc attendre, contrairement à la déclaration radicale - « Ce sont les territoires qui décident de leur chef !» - lancée en introduction de la soirée par l'architecte-urbaniste, professeur au CNAM, Michel CANTAL-DUPART, qui, associé à Jean Nouvel, va coordonner l'une des dix équipes lauréates de la consultation internationale lancée par l'Élysée pour concevoir le futur aménagement du « Grand Paris ». (http://www.pierremansat.com/article-20182066.html?)

Volatilité des entreprises, périmètres d'interventions élargies, mur du logement, un Etat qui veut reprendre la main, qu'en disent les responsables des politiques publiques ? Mireille FERRI, Vice-présidente du Conseil régional d'Île-de-France (Les Verts) chargée de l'aménagement du territoire, a répondu par un éloge à l'intelligence collective, telle qu'elle a été mise en œuvre dans le projet de Schéma directeur de la région Ile-de-France (Sdrif) (ce schéma vise à répondre aux besoins actuels et futurs de la population en termes de logements, de transports, d'environnement et d'emploi). Le gouvernement, en décriant le SDRIF et en le jouant contre le projet du futur Grand Paris, a été désavoué par les résultats de l'enquête publique de fin 2007, la plus importante jamais réalisée (elle a touché 11 millions de FrancilienNEs) : le SDRIF a reçu un « avis favorable et unanime », assorti de quatre réserves essentiellement techniques, de la commission d'enquête publique, le mercredi 11 juin. Cette intelligence collective, M.Ferri la propose pour penser des espaces de coopération, institutionnels ou non, où coexisteraient les acteurs de différents échelons et où des formes souples de gestion règleraient les conflits d'usage et d'échelle. Dans ce cadre, Paris doit être envisagé comme le lieu central d'une organisation territoriale vaste, qui puisse travailler en interdépendance régionale, sur des sujets tels que, par exemple, la navigation fluviale.

Philippe DALLIER, Sénateur UMP de Seine-Saint-Denis, Maire de Les Pavillons-sous-Bois, membre de l'observatoire de la décentralisation du Sénat, lui, a déclaré avec force que le projet de la gouvernance est fondamental. Il a réaffirmé sa vision d'une gouvernance à trois niveaux : la commune, le Grand Paris et la région, tout en appelant au partage des richesses. Un point fondamental que ni Nicolas Sarkozy, ni Christian Blanc ne soulèvent...

En accord avec plusieurs des intervenants, j'ai ré-affirmé ma conviction de l'inadaptation d'un gouvernement par les institutions pré-métropolitaines actuelles, qui ne correspondent pas à une vision moderne de la ville, et où chacun campe sur son pré carré. Les inégalités de la région sont insupportables et les ressources comme les bénéfices doivent être partagées. « Je ne crois pas que le débat ait à porter, à cette étape, sur des problèmes de périmètre, voire même de nouvelles institutions, même si la question sera posée à un moment ou un autre » ai-je rappelé. « Je pense qu'on est à un moment où il faut réfléchir en termes d'emboîtements. La région a peut-être la bonne taille [ région métropolitaine], mais il faut s'atteler à la question non traitée : le cœur de la métropole ».

Paris a posé les termes du débat dès 2001 et a créé une scène provisoire de concertation, la Conférence métropolitaine, un lieu, une scène politique où les élus peuvent se parler, faire des diagnostics communs et qui redonne leur place aux maires - qui sont au coeur du système démocratique. Alors, quelle gouvernance ? Emboîtements des dispositifs, fédération de gouvernements locaux ? Et pourquoi pas, un OVNI institutionnel ? A géométrie variable. Paris Métropole.

Le débat sur le Grand Paris s'est étouffé à plusieurs moments de l'histoire. Il ne s'agit pas que cela se reproduise, au risque de voir les « territoires s'enfoncer de manière silencieuse » (M.Ferri) et de toujours plus de gestion urbaine répressive. Il en va d'une conception de la ville solidaire et active, où l'on ne se donne pas comme horizon l'attractivité, le positionnement international et la compétitivité de la croyance néolibérale. Dans ce débat, les citoyens doivent avoir toute leur place.

Pierre Mansat, Adjoint au Maire de Paris, chargé des relations avec les collectivités territoriales d'Île-de-France et du projet Paris Métropole


Voir les videos de son intervention :
http://www.dailymotion.com/playlist/xj1fn_cathgegout_grand-paris-des-urbanistes/video/x5rcuf_le-grand-paris-des-urbanistes-2-pie_news



http://planningforparis.blogspot.com/2008/06/comment-amnager-le-territoire-et.html

samedi 31 janvier 2009

A lire dans la revue Urbanisme, un article de Marc Wiel sur "Grand Paris : un métro en première couronne ?"


Marc Wiel, urbaniste, signe un article dans le numéro de janvier de la revue Urbanisme (N° 364) qui est consacré au projet de métro en rocade autour de Paris. Nous aurons l'occasion de nous exprimer très prochainement sur cette question. Sans doute, à cet égard, que le projet de transport qui sera dévoilé par Christian Blanc, Secrétaire d'Etat chargé du développement de la Région Capitale ne manquera pas de susciter des réactions dans le milieu professionnel de l'urbanisme.
En attendant, voici le résumé de l'article que l'on peut lire sur le site Internet de la revue Urbanisme :

"Les débats autour des projets d’Orbital, Arc Express ou Métrophérique en Île-de-France dans le cadre du schéma directeur ou dans celui de la consultation sur le Grand Paris illustrent à l’envi que la réflexion urbaine n’est pas sortie en France du “spatialisme”, de son tropisme morphologique, de la pensée magique qui inspire les inventeurs de lieux. Cela marche toujours.

Dans son ouvrage Paris Métropole. Formes et échelles du Grand Paris, Philippe Panerai a bien traduit cette approche habituelle à l’homme de l’art. La banlieue est sous-équipée en centralités, il suffit de mailler le réseau pour pouvoir faire pousser autant de centres aux nœuds de chaque maille. Voici le grand projet fédérateur qui va sortir la banlieue de sa position subalterne. Et que l’on ne nous mette pas un tramway, les banlieusards ont aussi droit à la vitesse. Vitesse, le mot est lâché. Il y a la bonne vitesse, celle des transports collectifs, et la mauvaise, celle des autoroutes urbaines. Eh bien non ! Il n’y a ni bonne ni mauvaise vitesse : la vitesse, quelles que soient ses modalités, a des avantages et des inconvénients. Certains de ces inconvénients peuvent être plus ou moins contrariés par d’autres politiques urbaines que celle de la mobilité. La vitesse, c’est la mise en concurrence des territoires et celle-ci a des avantages et des inconvénients. Si on veut un territoire doté partout de services de proximité suffisants, socialement mixte, avec la possibilité pour tous de choisir son mode d’habitat à un prix raisonnable, et enfin permettre l’efficacité économique du système urbain, il faut proportionner la vitesse et le coût du déplacement différemment selon sa nature. Un schéma directeur d’urbanisme se doit de fixer le cadre de la concurrence dans la compétition pour l’espace avec le souci de respecter beaucoup de choses plus ou moins contradictoires. Il est donc d’abord un document qui coordonne des politiques publiques avant de donner priorité à tel ou tel projet.
L’insuffisance de la qualité de la desserte en transports collectifs de la première couronne va exiger des investissements, c’est sûr. La vitesse est moins une question de matériel que de passage ou non en souterrain et d’espace entre les stations. Il faut une vitesse suffisante pour donner l’accessibilité à suffisamment d’emplois, sans prétendre la donner à tous les emplois, tant qu’on n’a pas garanti une certaine égalité dans la possibilité de déménager. C’est le liant qu’aucun schéma spatialisé ne suffira jamais à garantir par lui-même, et qui fera de l’urbaniste qui en reste au dessin un perpétuel marchand d’illusions. En revanche, des métros légers peuvent être utiles pour permettre la diffusion des fonctions métropolitaines, qui sinon auront toujours intérêt à se concentrer, ce qui déséquilibrera socialement l’ensemble de l’organisation du territoire métropolitain comme c’est le cas actuellement. Espérons qu’un jour les spécialistes des différentes disciplines de l’urbanisme apprendront à se parler entre eux. En tout cas, les controverses actuelles en donnent l’occasion."
Commentaire : Il faut sans aucun doute réconcilier l'urbaniste et l'ingénieur- transport, en d'autres termes : le planificateur du droit des sols et le gestionnaire de trafic. Loin d'un exercice d'autoflagellation, l'urbaniste Marc Wiel nous exorte avec raison à appréhender l'URBANISME dans son acception large. Le Grand Paris des Urbanistes reviendra sur ces grilles de lecture fondamentales pour se saisir des enjeux métropolitains. Au passage, nous recommandons le dernier livre de Marc Wiel (dont il faudrait imposer la lecture dans tous les Instituts d'Urbanisme, Pour planifier les villes autrement (L'Harmattan, 2007), dont on peut lire un résumé signé Xavier Desjardins sur le site Nonfiction.fr